Covid, confinement, couvre-feu : faut-il se mettre à la méditation ?

La pandémie et ses répercussions politiques, économiques et sociales nous bousculent pas mal. Faut-il s’entraîner à la zénitude, à la méditation ou encore au yoga ou à la cohérence cardiaque pour « tenir le coup » ? Faut-il se « challenger » pour s’assouplir le cuir et l’esprit jusqu’à ce que tout nous glisse dessus comme les postillons sur le plexi ?

Servitude volontaire ou sagesse ?

Vous vous souvenez du premier confinement ? C’est déjà loin, et on peine à se rappeler qu’on s’est parfois glissé avec délice dans ce temps suspendu que l’on avait enfin pour soi. Je voyais mes clients en visio qui avouaient avec un peu de honte que ça leur allait bien, qu’ils avaient découvert les joies du jardinage de balcon avec leurs enfants ou de la cuisine des légumes et un sur deux s’était mis au yoga en ligne. Une sorte de revisite de la petite maison dans la prairie. Sans la prairie et en pyjama.
Même lieu, mais changement d’ambiance pour l’acte deux. Sans parler du nouveau couvre feu qui donne carrément de l’urticaire : c’est le dégoût, l’incompréhension, le ras-le bol. Va-t-on reprendre un abonnement à Petit Bambou pour muscler notre sagesse ? Ou bien est-il temps de se poser de saines questions sur notre capacité à courber l’échine ?

L’uberisation de la santé mentale.

En ce moment, lorsqu’un client me parle de sa détresse face aux conditions sanitaires qui nous sont faîtes, je n’ai aucune envie de l’aider à se détendre, à sentir ce qui se passe en lui pour mieux le surmonter et autres balivernes. Je n’ai pas envie de lui expliquer qu’on ne change pas le monde mais qu’on peut se changer soi. Ce serait totalement déplacé. Non. Je souffre avec elle ou lui, c’est à peu près la seule chose que je puisse faire.


Les techniques de relaxation ou de pleine conscience, tout comme les thérapies diverses et variées, sont très souvent utilisées pour normaliser l’individu. Stress au travail ? Détendez-vous ! Votre conjoint est invivable ? Apprenez à respirer ! Vous craquez ? Vous prendrez bien quelques pilules ou une dizaines de séances chez le psy. Les décisions politiques de restrictions de liberté, de travailler, de vivre une vie intéressante et décente vous semble trop pénibles ? Méditez !

La personne est renvoyée à elle-même, invitée à se considérer comme un appareil à maintenir en état de production : elle doit se tenir en forme et résister à toutes les pressions. Si elle a des faiblesses, des souffrances, des disfonctionnements, elle est priée d’aller se rebooter discrètement dans l’ombre du cabinet du psy ou de son salon avant de revenir dans le game. Sans oublier de dire merci au chief happiness officer ou à Castex.

Le clivage ou la révolte.

Mais après tout, pourquoi pas, direz-vous ? On n’y peut rien, c’est comme ça, il faut bien serrer les dents. Autant que ce soit dans la positive attitude.
L’ennui, c’est que la partie de soi que l’on met ainsi de coté, cette partie de soi qui cherche à vivre, à s’exprimer, va peut-être bien se réfugier dans un coin de plus en plus lointain, à coup de méditation, de sourires forcés et de beaucoup de culpabilité et de honte.

Mais elle ne va pas disparaître. En termes psychologiques, on parle de partie clivée : elle est coupée du reste, mise au coin, bannie. Malheureusement, le clivage ne conduit pas à la zénitude : dépression, angoisse, insomnie, troubles alimentaires, addictions, etc., sont en embuscade. Et parfois, c’est l’explosion, le passage à l’acte soudain et incompréhensible.


La révolte, elle, peut sembler stérile, voire dangereuse quand on peut se faire tabasser pour un non port de masque. Quelle action individuelle ou collective envisager pour faire quelque chose de sa colère ?
Que faire ?

La méditation, source d’action et de synthèse.

La méditation est devenue un outil de normalisation de l’individu. Ce n’est qu’une dérive. Idem des pratiques de thérapie. On pense réparer la personne avec quelques séances d’EMDR ou quelques exercices de TCC, ou la calmer suffisamment avec des antidépresseurs et des anxiolytiques. Mais la méditation, comme la psychothérapie, sont des expériences à vivre (et non des astuces ou des outils) qui visent à mieux sentir et accepter ce qui nous anime, y compris la peur, la révolte et l’impuissance face à la situation, à prendre sa place dans le monde. Et c’est en acceptant la totalité de son expérience que la psychosynthèse est possible et que, au bout du compte, nous pouvons agir de façon juste, mais chacun à sa manière.

Et si vous ressentez une difficulté à passer la période, n’hésitez pas à vous faire aider pour débloquer votre processus de synthèse !

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